lundi 2 février 2015

Retour sur la RN7 - Ambositra à Fianarantsoa

Poursuivons notre itinéraire sur la RN7. Cette fois,  nous nous dirigeons en direction de Fianarantsoa. Elle est la capitale de la région Betsileo. Leur nom signifie "Les Invincibles". Ce sont d’excellents riziculteurs. Toujours autant de cultures en terrasse, belles et rigoureuses. Avec tout un système d’irrigation des parcelles qui permet de réguler l’eau dans les rizières.


En chemin, nous avons pu rencontrer quelques chercheurs d’or. Ils ne ressemblent pas à ceux que l’on pense comme aux Etats-Unis mais ils ont tous cette même soif de trouver le « filon ».

 



Leur recherche s'effectue dans la terre. Avec peu de moyens, seulement une pelle et une batée façonnée dans du bois d'eucalyptus, ils creusent inlassablement pour trouver cette poudre d'or.

Nous faisons étape dans la ville de Fianarantsoa pour tenter de rencontrer Pierrot MEN, célèbre photographe malgache. Nous nous rendons à sa boutique en ville. A l'intérieur, plein de clichés en noir et blanc. Son regard sur la vie d'ici, la vie des Malagasy pris dans l'instant, l'instant de la photo.


 

Pierrot Men est là. Nous allons à sa rencontre. L'homme est simple. Accessible. Il nous montre sur l'ordinateur son dernier travail en photo. Une recherche sur le thème du "Sacré", des clichés pris à Diego-Suarez la semaine dernière. En discutant, on se rend compte que nous étions au même aéroport à attendre en vain l'avion. Maintenant,  je revois l'homme et son appareil photo autour du cou. Comme s'il l'avait oublié. Faisant partie de lui. Comme un prolongement. Tout autour, des photos en noir et blanc, en couleur. Ses œuvres. Magnifiques. Nous échangeons sur nos appareils photo respectifs, sur ses expos à venir. Nous repartons avec un de ses livres qu'il nous a dédicacés.
Voici son site internet : www.pierrotmen.com

Se rendre à la ville haute. C’est la Vieille Ville, Tanana Ambony. Elle a été fondée en 1830. Elle était une cité royale. Elle connut un véritable  essor par l’arrivée et l’installation de missions religieuses




 
 

dès 1859. Et ensuite avec l'arrivée des colons. Aujourd'hui, on pourrait se croire dans un village de Provence. Un certain charme et une quiétude se dégage de cet endroit. Tout un projet de sauvegarde a été élaboré. Des maisons sont peu à peu restaurées.
 
 
Nous repartons de cette ville sans pouvoir prendre le train, la dernière ligne de chemin de fer inaugurée en 1936, qui fait le trajet Fiana à Manakara sur la côte est. Elle est composée de 67 ponts et 48 tunnels ! Suite à la tempête cyclonique Chedza, toute la région de Manakara a été touchée. Actuellement , la voie de chemin de fer a été endommagée par les glissements de terrain dus aux fortes pluies.

 

 
 

dimanche 1 février 2015

Zafimaniry, les maîtres sculpteurs

J’ai entendu parler de ce nom il y a environ un an en écoutant une  émission de radio. Une vente aux enchères et une exposition d’œuvres d’artistes contemporains réalisées sur des portes et des volets allaient avoir lieu à Paris en janvier 2013 au profit de ces villages afin de reconstruire des cabanes dans la pure tradition. J’avais ensuite fait des recherches sur la région qu’ils habitent.
Aujourd’hui, je me trouve tout près de ces villages…





Ce matin, nous partons tôt. Il faut prendre un taxi-brousse pour rejoindre le premier village qui s’appelle Antoetra. A partir de là, nous partons à pied avec un guide Johnny. Le sentier parcourt la forêt durant deux heures pour atteindre un des villages Zafimaniry, Ifasina.


Ce sont des maîtres sculpteurs. Ils font partie du sous-groupe des Betsileo. Leur nom voudrait dire « ceux qui désirent ». Ils seraient environ 25 000 personnes. Ce qui fait la particularité de cette ethnie, c’est leur mode de construction. Leurs maisons sont toutes en bois et assemblées sans aucun clou. De plus, chaque porte et fenêtre sont sculptées de motifs géométriques.




Nous pénétrons dans ce petit village. Découvrons les premières maisons. Très rapprochées les unes des autres. Sur un plan linéaire. Très peu d’ouverture. Une porte principale, deux petites fenêtres. Toutes sculptées. Les motifs géométriques sont codifiés et représentent les croyances et les valeurs des Zafimaniry :
-   Le tanamparorata ou toile d’araignée symbolise les liens familiaux
-   Le papintantely ou rayon de la ruche représente la vie communautaire
-   Le motif des ciseaux signifie la circoncision
-   La rosace représente le soleil.

Puis parfois, entre des maisons, des greniers sur pilotis où on entrepose les récoltes comme le maïs, les haricots, le riz.

 

Nous approchons de la maison du chef du village. Nous pénétrons. Il est là assis au pied de son lit sur un tabouret. Son nom est RaIaï. Il est âgé de plus de 80 ans. Il a été élu par la communauté et ce jusqu'à sa mort. Nous prenons place à gauche. Au centre, un pilier central. Il symbolise le père. La maison se divise en quatre parties :


 
-  Premier angle qui est situé à l’ouest : c’est là où on demande la bénédiction aux ancêtres.
-  Deuxième angle : celui de la cuisine où se trouvent les marmites, les ustensiles. C’est là aussi qu’il y a le feu pour la cuisine. On chauffe à même le sol. Trois pierres permettent de poser les marmites. Il n’existe pas de cheminée. La fumée sort par les fenêtres et la porte. C’est pour cela que tout est noir à l’intérieur.
-  Troisième angle : lieu pour les volailles. On les rentre le soir et elles ont un petit casier. Le cochon dort aussi à l’intérieur à la saison des pluies.
-  Quatrième angle : c’est l’angle étranglé. C’est le mauvais angle pour eux.






Nous poursuivons notre balade de maison en maison où chacune est une scène de vie. Femmes en train de cuisiner, de trier les haricots. Jeune fille qui pile les haricots pour faire de la farine. Enfants





qui jouent. Certains nous suivent, curieux des photos que nous faisons par l’écran allumé. Cochons, poules, canards vont et viennent dans les ruelles. A l'affût de tout ce qui est au sol. Des enfants font partie de ce tableau. Ici pas d'engins motorisés, pas de bruits extérieurs qui viennent déranger leur tranquillité. Seulement ce lien fort et à la fois fragile à la nature qui peut donner mais qui peut prendre aussi...