dimanche 1 février 2015

Zafimaniry, les maîtres sculpteurs

J’ai entendu parler de ce nom il y a environ un an en écoutant une  émission de radio. Une vente aux enchères et une exposition d’œuvres d’artistes contemporains réalisées sur des portes et des volets allaient avoir lieu à Paris en janvier 2013 au profit de ces villages afin de reconstruire des cabanes dans la pure tradition. J’avais ensuite fait des recherches sur la région qu’ils habitent.
Aujourd’hui, je me trouve tout près de ces villages…





Ce matin, nous partons tôt. Il faut prendre un taxi-brousse pour rejoindre le premier village qui s’appelle Antoetra. A partir de là, nous partons à pied avec un guide Johnny. Le sentier parcourt la forêt durant deux heures pour atteindre un des villages Zafimaniry, Ifasina.


Ce sont des maîtres sculpteurs. Ils font partie du sous-groupe des Betsileo. Leur nom voudrait dire « ceux qui désirent ». Ils seraient environ 25 000 personnes. Ce qui fait la particularité de cette ethnie, c’est leur mode de construction. Leurs maisons sont toutes en bois et assemblées sans aucun clou. De plus, chaque porte et fenêtre sont sculptées de motifs géométriques.




Nous pénétrons dans ce petit village. Découvrons les premières maisons. Très rapprochées les unes des autres. Sur un plan linéaire. Très peu d’ouverture. Une porte principale, deux petites fenêtres. Toutes sculptées. Les motifs géométriques sont codifiés et représentent les croyances et les valeurs des Zafimaniry :
-   Le tanamparorata ou toile d’araignée symbolise les liens familiaux
-   Le papintantely ou rayon de la ruche représente la vie communautaire
-   Le motif des ciseaux signifie la circoncision
-   La rosace représente le soleil.

Puis parfois, entre des maisons, des greniers sur pilotis où on entrepose les récoltes comme le maïs, les haricots, le riz.

 

Nous approchons de la maison du chef du village. Nous pénétrons. Il est là assis au pied de son lit sur un tabouret. Son nom est RaIaï. Il est âgé de plus de 80 ans. Il a été élu par la communauté et ce jusqu'à sa mort. Nous prenons place à gauche. Au centre, un pilier central. Il symbolise le père. La maison se divise en quatre parties :


 
-  Premier angle qui est situé à l’ouest : c’est là où on demande la bénédiction aux ancêtres.
-  Deuxième angle : celui de la cuisine où se trouvent les marmites, les ustensiles. C’est là aussi qu’il y a le feu pour la cuisine. On chauffe à même le sol. Trois pierres permettent de poser les marmites. Il n’existe pas de cheminée. La fumée sort par les fenêtres et la porte. C’est pour cela que tout est noir à l’intérieur.
-  Troisième angle : lieu pour les volailles. On les rentre le soir et elles ont un petit casier. Le cochon dort aussi à l’intérieur à la saison des pluies.
-  Quatrième angle : c’est l’angle étranglé. C’est le mauvais angle pour eux.






Nous poursuivons notre balade de maison en maison où chacune est une scène de vie. Femmes en train de cuisiner, de trier les haricots. Jeune fille qui pile les haricots pour faire de la farine. Enfants





qui jouent. Certains nous suivent, curieux des photos que nous faisons par l’écran allumé. Cochons, poules, canards vont et viennent dans les ruelles. A l'affût de tout ce qui est au sol. Des enfants font partie de ce tableau. Ici pas d'engins motorisés, pas de bruits extérieurs qui viennent déranger leur tranquillité. Seulement ce lien fort et à la fois fragile à la nature qui peut donner mais qui peut prendre aussi...




 

 

 

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