samedi 31 janvier 2015

La RN7 - Direction Antsirabé et Ambositra

Antanarivo. Gare routière pour un départ pour Antsaribe. Les rabatteurs se ruent sur le taxi. Impossible pour nous de descendre de la voiture. Ils sont tous plaqués aux vitres à crier chacun pour leur agence. Moment de panique du chauffeur de taxi et nous aussi. Faisons demi-tour et trouvons un taxi-brousse.


La RN7, c’est une route mythique. Elle s’élance de Tana du haut de son 1 300 mètres d’altitude pour sinuer à travers les Hautes Terres et atteindre en bout de course et de souffle la ville de Tuléar à l'ouest  au bord de l’Océan Indien au bout de 929 kilomètres.







Dans le bus, nous sommes tous tassés. Cinq par rangée alors qu’il n’y a que quatre petites places. Impossible de tenir. Je me retrouve assise sur les genoux de Bruno qui, lui aussi, est coincé entre
 
 
deux personnes. Une fois calés, nous ne bougeons plus. Le taxi-brousse avale la route toujours sinueuse. Le poste crache sa musique nasillarde. Tout le monde regarde devant soi. A l’extérieur, les paysages défilent. Rizières en terrasse. Vertes. Elles semblent dessiner des ondulations sur la montagne. Quant à la route, elle nous surprend parfois par ses nombreux trous, des zones emportées par les pluies torrentielles.
 

 
Arrivons à Antsaribe, surnommée la « Vichy Malgache » par l'existence de ses thermes. Un immense bâtiment qui est l’hôtel principal semble traverser les années ici dans cette petite ville. Ce qui la





représente davantage, ce sont ses nombreux pousse-pousse qui circulent dans la ville. Certains chargés de personnes, d’autres plein de sacs de riz ou d’autres céréales. Souvent pieds nus. Pour un salaire de misère.
Visiter la fabrique de bonbons de Mr Marcel. Petit atelier artisanal où il nous montre son procédé. Etape de la préparation de la pâte jusqu’à la forme de bonbons. Ensuite, extraits naturels de parfum


 
 
 

intégrés à cette pâte encore chaude. Coco, ananas, menthe, gingembre, orange, anis, cannelle... Repartons avec  plein de petits sachets de ces douceurs.
La ville est aussi réputée pour son travail de la corne de zébus. Visite de l’atelier des « Six Frères ». Démonstration des étapes successives pour arriver à modeler un produit final : cuillères, plats, pots, bijoux…

 


Prenons un pousse-pousse pour rentrer Chez Billy, là où nous logeons. Ne pas culpabiliser mais se dire que c’est son travail et le payer correctement lui permet de vivre tout simplement.
 

 
Repartons dès le lendemain pour la ville d’Ambositra. Se rendre à la gare routière en pousse-pousse. Deux copains font le trajet. A la gare routière, le taxi-brousse n’est pas plein. Attendre qu’il se remplisse pour partir. Au bout d’une heure, il crache sa fumée noire et nauséabonde. Sur le parcours, quelques coulées de boue rouge. Il arrive que les routes soient coupées pendant quelques jours. Ici, pas de moyens techniques de l’entretien des routes. Le pays semble être délaissé par son parti politique. La corruption fait « rage » dans ce pays. Des régions entières quasi-oubliées, des femmes, des enfants, des hommes que l’on laisse vivre avec rien ou si peu.
A Ambositra, tenter de trouver d’autres voyageurs pour partager un taxi afin de se rendre dans les villages Zafimaniry. Mais personne en ce moment. C'est la saison creuse.
Trouvons au dernier moment  une adresse d’un couple de Français qui tiennent des bungalows proches des villages. Marc et Brigitte. Il vient nous chercher en 4L à Ambositra. Pour se rendre chez eux, 26 km et la moitié sur une piste chaotique et embourbée  par endroit. Marc s’élance  et la 4L



 
 

fait sa trace dans  la boue épaisse, grasse et profonde. Pour lui, la 4L est la voiture idéale pour les pistes de Madagascar ! Ils sont installés ici depuis dix ans. Leur histoire est belle. En fait, ils étaient partis pour faire un tour du monde. Leur première destination, Madagascar. Ils se sont arrêtés à Ambositra. Ils étaient clients à l'hôtel central du village. Puis le patron devait s'absenter quelques jours. Alors ils ont accepté de le dépanner. Finalement, ils ont tenu l'hôtel durant plusieurs mois. Et sont ensuite venus s'installer dans cette région très verdoyante.



Arrivée chez eux. Endroit superbe dans une belle vallée et tout autour des villages Betsiléo, des rizières et des chercheurs d’or qui tentent de recueillir de la poudre d’or. Nous nous installons dans leur bungalow construit comme la maison typique des Zafimaniry. Tout en bois. Demain, nous partons à la journée pour aller visiter cette région qui comprend une quinzaine de villages.


mardi 27 janvier 2015

Antanarivo

Retour à la capitale lundi 19 janvier par la ligne aérienne Diego-Suarez/ Antanarivo. Avion reporté par deux fois : le samedi pour raison météorologique due à la tempête Chedza et le dimanche pour raison mécanique. En fait, nous avons été prévenus à 14h alors que l’avion était annoncé pour un départ à 13h30 ! Nous sommes alors logés dans un hôtel à Diego pour la nuit. Et un avion est annoncé normalement pour demain lundi.
- Six heures trente, nous partons pour l’aéroport dans l’espoir d’avoir un vol ce matin.
- Huit heures, nos bagages sont enregistrés. Il faut maintenant être patient et attendre l’avion en espérant qu’il n’y ait pas un autre effet d’annonce que nous redoutons.
- 10h30, nous embarquons.
 
 
Nous sommes super contents de pouvoir prendre place dans l’avion. Tout autour de nous, plein de visages expriment eux aussi leur joie. Chacun a presque envie d’applaudir… Puis, étrangement, des va et vient commencent dans l’allée. Les bagages n’ont pas été chargés dans l’avion. Ils sont toujours sur le tarmac ! Nous apprenons que nous sommes trop nombreux, donc trop chargés !! 15 personnes de trop !!! Alors commencent des échanges entre les passagers et le responsable d’escale. Difficile de se mettre d’accord, de trouver une solution. Il faudrait que 15 personnes veuillent descendre de l’avion. Le responsable ne veut pas prendre de décision. Finalement, au bout de 2 heures, la décision tombe. Aucun bagage ne sera chargé ! Panique chez certains qui ont des correspondances. Quant à nous, sommes-nous vraiment sûrs de pouvoir récupérer nos bagages  assez vite pour poursuivre notre périple ? 14h, l’avion prend son envol. Une fois arrivés à l’aéroport, il faut faire une déclaration pour les bagages et attendre son tour. Nous sommes 1OO personnes environ.
 
 
Nous nous retrouvons sans bagages à l’hôtel Niaouly. Sentiment d’être dépouillé, d’exister à moitié. Porter les mêmes vêtements depuis 3 jours. Aller à l’agence Air Madagascar pour exprimer notre mécontentement et notre inquiétude quant à la date de récupération de nos sacs. Deux jours après, un vol en provenance de Diego est annoncé avec nos bagages à l’intérieur.  Après 5h d’attente à l’aéroport, nous voyons nos sacs glisser sur le tapis roulant…
 

lundi 26 janvier 2015

Diego-Suarez appelée Antsiranana

Quittons ce petit bout de paradis. Il est 6h ce matin. Mer calme. Tout le monde dort sur l’île ou presque. Notre pirogue nous attend. C’est une pirogue à balancier, embarcation typique d’ici.




La pirogue glisse sur la mer tranquille. Il fait doux. Longeons l’île et nous apparaissent quelques villages isolés et leur petite plage. Puis aussi de grosses villas somptueuses que possèdent les blancs, les « Vazas ». C’est ainsi que tout étranger est appelé ici.
Débarquons à Ankify. Ruade des rabatteurs pour récupérer chaque client potentiel. Finalement, il faut changer de taxi car cela fait plus d’une heure que nous attendons et il n’est toujours pas plein ! Parlementons pour récupérer notre argent. Compliqué ! Nous sommes obligés de faire appel au policier du port pour tenter de résoudre l’affaire. Tout rentre dans l’ordre. Argent récupéré et sacs aussi. Trouvons un autre taxi-brousse qui est prêt à partir.
 
 
 
 
Le trajet pour se rendre à Diego au Nord est annoncé en 4h environ par la RN6.  Finalement, la route n’en finit pas. Elle devient de plus en plus mauvaise. Des trous énormes. Zigzags incessants pour les
 
 
éviter. Tous tassés dans le minibus. Il fait chaud. Très chaud. Heureusement, quelques pauses nous permettent de bouger de la position assise et de retrouver la fonctionnalité de nos jambes. Nous arrivons enfin à Diego. Après 7h de route pour 248 km !





Diego Suarez, la ville aux taxis jaunes. Ce sont toutes des 4L. Elles semblent être les rescapées d’une histoire qui a laissé ses traces aussi au niveau de l’architecture de certains bâtiments. Certains tombent dans l’oubli peu à peu. Bâtiments décrépis. Comme l’hôtel de la Marine. La ville est



balayée par le vent et la poussière soulevée. Elle est là, face à la mer. Diego Suarez, c’est une histoire de marins. Comme Diego Dias et Fernan Soares, deux navigateurs portugais qui ont découvert la baie en 1500. Maintenant, la ville accueille des marins d’autres pays qui viennent former les marins malgaches. Des marins italiens sont attendus au printemps. La Baie de Diego. Elle forme une anse. Comme pour mieux se protéger. Elle a été un comptoir musulman, lieu de commerce d’esclaves et d’échanges commerciaux. Sa population est plus cosmopolite qu’ailleurs, Comoriens, Arabes, Chinois.





Au nord de la baie, la mer d’Emeraude. Il faut d’abord se rendre au petit port de Ramena situé à une vingtaine de kilomètres de Diego. Nous louons une moto à la journée. Une fois arrivés au port,
 
 
la mer est très agitée. Résultat de la tempête tropicale qui est proche de Madagascar. Pas de sortie possible. Se faire une raison. D’autres lagons nous attendent sur la côte ouest, près de Tulear que nous atteindrons bientôt.
 
 
A partir du petit port de Ramena, nous poursuivons sur une piste sableuse pour se rendre dans une baie. Passons à côté de ruines de bâtiments de l’armée maritime française. D’ailleurs ici, la baie s’appelle la Baie des Français. Que des ruines, des restes d’une vie d’avant. Puis, au loin, un phare ! Qui ne marche plus ! On se croirait en France, sur la côte atlantique.



A Diego, nous rencontrons Cirloxago, un jeune malagasy qui fabrique et  vend des maquettes de bateaux chaque soir dans la rue. Pas de boutique. Bruno est intéressé pour aller voir son petit atelier. Dès le lendemain, nous nous retrouvons dans son quartier. Il nous fait entrer chez lui. Une petite cabane en dur avec toit de taule. Une seule pièce où il travaille et vit aussi. Il nous montre son travail. Puis des cartons où sont entassés des bateaux un peu oubliés, plein de poussière. Ce sont
 


des restes du travail de son oncle. Bruno repère un bateau dans de vieux cartons. Poussiéreux et à moitié en vie ! Il va finalement le préparer d’ici deux jours. Ne rien modifier dessus. Seulement le remettre debout ! Le bateau est prêt. Commande assurée. Nous apprenons l’histoire de ce bateau. Il est originaire des pays nordiques et il était utilisé pour la pêche. Maintenant, il reste un seul bateau dans le monde et il se trouve à la Réunion. Il a été sauvé grâce à un groupe de jeunes qui l’ont restauré pour effectuer un tour du monde. Nous aussi, nous avons sauvé la maquette de ce bateau !