Rejoignons la gare routière au nord de la ville de
Tuléar. Prendre un taxi-brousse pour se rendre à
Mangily, petit village qui
fait partie de la baie, s’étendant sur plusieurs kilomètres de côte aux
eaux turquoise et aux plages de sable blanc. Seulement une piste de latérite et
de sable sépare les deux villes sur 22
kilomètres. Ne partent d’ici que camion-brousse, bus-brousse et
camionnette-brousse pour affronter une piste « chaotique » et
difficile. Chaleur étouffante, écrasante. Elle nous colle à la peau. Nous avons
les meilleurs places, celles de devant à côté du chauffeur. La camionnette est
chargée de passagers, de bagages, de sacs de vivres. Se serrer pour tenir à
deux sur le siège. Tassés et dégoulinants de sueur.
Mangily, notre étape. « Chez Cécile », une
bretonne qui a élu domicile depuis onze ans. Tout est joli. Bungalows. Bar,
salon et terrasse avec vue sur la mer. Nous allons être bien pour passer
quelques jours avec le soleil, la mer comme paysage. Pas de bruit. Seulement
celui des vagues au rythme des marées.
Sortie en mer en pirogue à balancier avec Daniel.
C’est son activité. Nous faisons étape à midi dans un village de pêcheurs. Au menu, cigales grillées. Un régal ! Une découverte pour nous car nous connaissions que les langoustes.
Masque, tuba, palmes pour aller plonger en barrière de
corail. S’émerveiller par les fonds marins. Coraux, poissons de toutes les
couleurs. N’être jamais lassés de ce spectacle aquatique. Etre là entourés de
poissons qui approchent, repartent. Toujours autant fascinés.
Tout le long de la côte, plein de villages de pêcheurs.
Leur journée est rythmée par la pêche. Certains partent en pirogue avec un
filet qu'ils jettent en mer puis ils le ramènent à leur embarcation. Quand d’autres pêchent le
long de la plage. Ici, le filet, qui est plus grand, est déployé avec la pirogue au loin. Il est
ensuite ramené à bout de bras après trois heures d'effort par les pêcheurs qui se trouvent sur la plage.
Aussi, ce genre de pêche a une incidence considérable sur la vie sous-marine.
Tous les fonds sont peu à peu abîmés, détruits comme dépouillés. Il n’existe
plus de coraux donc plus de poissons. De plus, les filets qu’ils utilisent sont
à maille très étroite ramassant ainsi les poissons de toute taille. Les Vezos
ne semblent pas réaliser vers quel danger ils se dirigent à plus ou moins long
terme. Pour eux, ce qui compte est l’instant présent. Chaque jour qui passe.
Aucune projection pour l’avenir. Vivre, se nourrir. Qu’en sera-t-il
demain ?
Ce matin, départ en charrette à zébu pour se rendre au
village. Rencontrer le personnel responsable de l’ONG Bel Avenir. C’est elle
qui prend le relais de l’association Zaza Mistiky dans la poursuite de l’action
mise en place autour de la bibliothèque du village. Elle est ouverte aux
enfants, aux adultes et met à disposition livres, jeux. Elle est ouverte à
tous sans distinction et tous les matins. La seule exigence demandée aux enfants est de rentrer une fois seulement s'être lavés les mains et le visage. Nous avons pu remettre les livres
pour enfants donnés généreusement par des amis qui se reconnaitront. Nous
tenons à les remercier.
Nous poursuivons notre tour en charrette. A quelques
kilomètres du village pour s’enfoncer dans la forêt et découvrir les baobabs
bouteilles et d’autres essences d’arbres. Comme le balsa, arbre utilisé pour
fabriquer les pirogues. Il est utilisé parce que c’est un arbre léger et qui
flotte bien. Une pirogue a une durée de vie de trois ans en moyenne.
Mangily, le temps s’étire lentement. Il nous reste
deux jours avant l’arrivée de Félix en pirogue. Une tempête tropicale est
annoncée d’ici deux ou trois jours. Ce qui peut compromettre notre départ en
pirogue. Vendredi, Félix arrive à Mangily avec son assistant, Orlon. Samedi
matin, le vent se lève. De plus en plus fort. Le ciel est gris, menaçant.
Rafales de pluie. Aucune pirogue sur l’eau. La tempête suit le canal du
Mozambique du nord au sud. Impossible de partir. Ne rien faire qu’attendre. Le
vent qui souffle nous impressionne. Dimanche, le vent s’est un peu calmé. Moins
de pluie. Notre périple en pirogue est prévu demain lundi. Tout est prêt. Nous
sommes impatients et à la fois inquiets. Comment le vent va-t-il souffler ?
Et si le vent n’était pas suffisant…